le jour où j'ai compris que l'enfant avait besoin de pleurer


le jour où j'ai compris que l'enfant avait besoin de pleurer

Je me suis sentie bien plus grande le jour où j'ai compris que je ne chercherai plus à empêcher un enfant de pleurer.
Surtout le matin, au moment de la séparation avec son parent.
Avant je guettais la réaction du tout petit pour être bien sûre qu'il n'avait pas peur de moi, qu'il était content de me revoir, et mon coeur battait de joie quand l'enfant repoussait son parent tout pressé  de commencer à bien jouer.
Parfois cela se passait différemment et tous les matins le même enfant se mettait à pleurer toutes les larmes de son corps, et moi je me sentais comme une incapable nounou que l'enfant n'aimait pas, j'avais l'impression que le parent n'avait plus très envie de me faire confiance.
Au fil des années, j'ai bien constaté qu'on ne peut pas échapper à cette situation-là. Pour une raison ou pour une autre, il se peut que l'enfant aie besoin de montrer de la tristesse. il y a mille raisons possibles, depuis la conception, jusqu'à l'accouchement, etc.
Et bien c'est mieux qu'il la montre cette tristesse. et maintenant je respecte la tristesse de l'enfant, je le prends dans mes bras, -s'il l'accepte- et je lui dis que oui il est triste et maman va se dépêcher de revenir le chercher, mais maman doit aller travailler, et lui l'enfant va en profiter pour passer une bonne journée en jouant avec ses camarades.
certains pleurent plus fort que les autres, ils aiment bien faire du théâtre et on sent qu'ils s'écoutent pour évaluer l'intensité de leur douleur. bon, il faut de la nuance et parfois je tâtonne pour expérimenter suivant chaque cas. toujours est-il qu'il faudra bien que l'enfant accepte la séparation à un moment donné, parce que oui, c'est déjà arrivé qu'un instituteur soit obligé de tenir la main d'un enfant toute la journée, (c'est un super instit).
Rien n'est pire que d'essayer de  cacher la tristesse, il n'exprimerait plus jamais sa tristesse et il la rentrerait systématiquement tout au long de sa vie.
Pour être heureux, il faut commencer par accepter d'être triste parfois, et chacun doit trouver son moyen pour s'apaiser.
Même si c'est désagréable, c'est une réalité.

Il ne faut pas imaginer avoir un enfant toujours gentil qui ne pleurerait jamais. les pleurs sont nécessaires pour s'adapter à l'environnement. On pleure de faim, de colère, d'ennui. de douleur aussi.
Il faut permettre à l'enfant d'exprimer ses sentiments, et s'il a besoin d'exprimer de la tristesse, il faut la reconnaitre.
Il ne faut pas barrer la route aux larmes, culpabiliser l'enfant, se moquer, banaliser sa souffrance en disant que ce n'est pas grave.
Lorsque l’on cherche systématiquement à arrêter les pleurs, l’enfant va mettre en place des
automatismes de contrôle pour remplacer les pleurs en fonction des stratégies trouvées par
l’adulte pour le faire taire. Il remplacera les pleurs par un autre comportement.
  • Si la réponse aux pleurs est généralement de le faire bouger, rire ou le promener pour
qu’il arrête, l’enfant aura tendance à devenir hyperactif dès qu’il sentira de la tristesse ou
toute autre émotion susceptible de la faire pleurer.
  • Si on lui donne à manger, il sera assujetti au sein, au biberon, au sucre, à la nourriture.
  • Si l’adulte pense qu’il a besoin de sucer, il sera assujetti à la sucette, au biberon, au
pouce…
  • Si on le couche en pensant qu’il est fatigué : l’enfant s’isolera facilement, refusera le
contact quand il se sentira mal, « il endormira sa détresse ».
  • Si l’adulte essaie de le distraire avec des images, des objets : l’enfant voudra être divertit
en permanence. Trop de simulation dérègle le bébé. Plus tard, il risquera de beaucoup
jouer à des consoles de jeux pour s’occuper.
Si l'adulte tient compte des besoins de pleurs de l'enfant, il bâtit des relations intimes avec lui, il crée un lien affectif.
Pleurer sert à exprimer :
  • Une souffrance prénatale, le traumatisme de la naissance
  • Besoin de compréhension
  • Un besoin insatisfait,
  • Besoin d’ajustement
  • Une surcharge d’informations pour informer l’entourage des excès
  • Besoin de protection
  • La frustration
  • Besoin d’acceptation de la réalité
  • Une douleur physique ou des tensions nerveuses (les pleurs avant la sieste aident à la détente qui précède le sommeil)
  • Besoin de soulagement
Quand un enfant change d’environnement, il pleure pour s’adapter.
L’enfant qui retient ses larmes le matin ou qui n’est pas accompagné dans ses larmes mais
stoppé, va pleurer en retrouvant la parent le soir.
Comment accompagner ses pleurs ?
Pleurer doit permettre la consolation.
Consoler, c’est être « avec » pour alléger la douleur ou l’affliction : « je ne peux pas faire
pour toi mais je suis avec toi ». Prendre dans les bras, reconnaître l’émotion.
« La confirmation de la tristesse est une consolation » Marguerite Duras.
Quand un enfant pleure, le parent va l’envelopper dans ses bras pour le contenir, créer une
enveloppe, une protection.
L’adulte va parler sur un ton apaisant, lui expliquer ce qui se passe, le rassurer, mettre des mots sur l’état de l’enfant.
Si on laisse l’enfant pleurer seul, il est perdu dans ses pleurs, démuni.
Si on lui interdit de pleurer, il bloque ses émotions.
Si on l’accompagne avec bienveillance, il apprend la constance émotionnelle : il y a des hauts
et des bas et, en même temps il garde l’assurance d’une constance.
Dans certains cas, il faut reconnaître les pleurs et limiter les gestes violents contre lui-même ou contre l’entourage : « Oui tu peux pleurer et en même temps, Non, tu ne peux pas te faire mal, tu ne peux pas tout casser ».
Dans l’accompagnement des pleurs, la mère va donner à l’enfant le sentiment d’amour inconditionnel : « je t’aime quelque soit ton comportement, mon amour pour toi est audessus de cela ».
La fonction du père sera d’assurer un soutien à la mère et de poser l’amour inconditionnel :
c’est le père qui représente l’autorité, qui contrôle le comportement et les actes de l’enfant pour amener ce dernier vers l’autonomie, l’ouverture au monde, la compréhension de la réalité.
Les pleurs permettent d’anticiper les chagrins futurs. La tristesse sert d’étape de reconstruction dans la situation de perte. Elle permet d’intégrer les expériences douloureuses.
Les enfants qui pleurent sont des enfants qui se sentent mieux après et qui sont les plus vivants.
Les pleurs ne sont pas la souffrance mais le processus qui libère la souffrance
Source : Compte-rendu de conférence par Gérard VALLAT

lisez mon article récent  sur le même sujet. les pleurs de l'enfant.

Et oui les pleures ne doivent pas être retenue, j'accompagne mes mousses quand ils sont tristes au moment de la séparation, même quand ils sont en colère, car je sens qu'ils ont besoin de s'exprimer et je leur dis que je suis là et les comprends.


COMMENTAIRE N°1 POSTÉ PAR MARYSE LE 10/03/2013 À 17H51





ça ne m'étonne pas de toi.






RÉPONSE DE NOUNOU PASCALE LE 11/03/2013 À 14H53





Voici un article tellement vrai qu'il me donne envie de le partager...


L. de Bêtise, Malice et Sorcellerie.


COMMENTAIRE N°2 POSTÉ PAR L. LE 11/03/2013 À 09H15





merci, je t'ai mis un com mais j ne sais pas s'il est passé


RÉPONSE DE NOUNOU PASCALE LE 11/03/2013 À 14H52





Génial cet article ! Bien merci à toi Pascale de nous le faire partager.






COMMENTAIRE N°3 POSTÉ PAR SAM LE 11/03/2013 À 14H33





je trouve qu'il peut nous aider cet article, oui,merci à toi.


RÉPONSE DE NOUNOU PASCALE LE 11/03/2013 À 14H53


Très intérressant, merci !


Heu c'est qui Gérard Vallat ?


Mag


COMMENTAIRE N°4 POSTÉ PAR MAG LE 13/03/2013 À 09H32





je t'ai mis la réponse.


RÉPONSE DE NOUNOU PASCALE LE 16/03/2013 À 22H44





GERARD VALLAT : psychologue-psychothérapeute qui anime des conférences destinées à la formation des assistantes maternelles.


http://www.formation-emploi.org/organisme/fiche_organisme.php?numero_organisme=546&paar_lien=liste.php&domaine=&niveau=&bassin=&motcle=&organisme=&apprenti



1 commentaire:

Faïza a dit…

Oui c'est important qu'il ai le droit de s'exprimer et de savoir qu'il est compris.