les retrouvailles du soir


ZOOM sur les retrouvailles du soir : une situation parfois complexe

L’organisation de la journée, la succession régulière des séquences de
la vie quotidienne, arrivées et départs, mais aussi repas, couchers,
changes, sorties retours, etc… contribuent à assurer la stabilité dont
l’enfant a besoin. Les paroles explicatives de l’assistante maternelle,
pour accompagner ces divers changements, inscrivent toutes ces «
micro coupures » dans une continuité.

Le soir l’enfant quitte le domicile de l’assistante maternelle pour retrouver
ses parents et sa maison. Contrairement à ce qu’on pourrait supposer,
se retrouver n’est pas si simple...

En fait, c’est lui-même qu’il essaye de retrouver, confronté à une sorte
de dilemme : « moi ma maman, moi mon assistante maternelle... moi ma
maman... » Qui suis-je ? « Cette question impossible à dire, cette
angoisse de morcellement sont alors formulées dans un comportement
ambivalent qui met souvent le parent en difficulté.

Parfois ce sont des cris, des pleurs ou des tensions, parfois, selon l’âge
de l’enfant, ce sont des attitudes de fuite, souvent après un premier
contact physique avec le parent qui vient d’arriver.

D’autres enfants semblent ignorer la présence du parent... Chez les plus
jeunes, on assiste quelquefois à un évitement du contact corporel ou
visuel : le bébé tourne la tête et raidit son corps. Chez les plus grands,
ce sont l’excitation motrice, les transgressions d’interdits qui font bien
souvent dire aux assistantes maternelles : Dès que sa maman arrive, lui
qui était si gentil, il devient insupportable... ».


Que faire ?

Il nous faut prendre garde aux interprétations réductrices, aux jugements
en termes de « méchant » ou « gentil » qui ne feraient que développer,
chez les parents la rivalité et la culpabilité, et chez l’enfant, le sentiment
d’être incompris.

L’enfant a besoin d’un peu de temps pour créer un lien entre les
différents moments de sa vie. Lui accorder ce temps, inviter les
parents à observer l’enfant, à tenir compte de ses réactions, lui parler,
l’écouter, c’est le considérer comme un sujet et non comme
un « objet » que l’on « prend » le matin, pour le « récupérer » ou le «
rendre » le soir, sans aucun égard pour ses émotions.Ce temps c’est aussi celui de l’accueil des parents où l’authenticité des
échanges ne manquera pas de participer à la qualité des retrouvailles.

L’enfant va alors pouvoir vivre à la maison, avec ses parents, des heures
pleines et aborder le sommeil avec sérénité. Ce temps des retrouvailles,
cependant n’est pas sans limites. C’est celui d’un départ et d’une
nouvelle et nécessaire séparation. Quelquefois, l’assistante maternelle
aura le rôle difficile de mettre un terme à certains « débordements »
dans la mesure où ils pourraient devenir chroniques : bavardages
excessifs, confidences personnelles, installation d’un parent qui ne sait
plus partir...
Il faut alors rappeler la limite professionnelle d’un contrat dans lequel
l’assistante maternelle ayant bien rempli sa mission, dispose à son tour
du droit de se séparer et de se retrouver avec elle-même ou avec les
siens.
Propos d’Elizabeth Demailly psychologue

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