ce n'est qu'un bébé

mon enfant n'est qu'un bébé et c'est MOI sa MERE...

Le jour de la rentrée les parents ont le ventre noué, au moins autant que les enfants. et que dire des grands-parents, des tatas des tontons etc ?

C'était le grand jour pour toutes les familles aujourd'hui. On a tous vécu ça. Moi j'ai eu le trac pour toutes les rentrées de mes 3 filles.

Oui mais là c'était la rentrée de MA petite fille. J'en ai eu de la vapeur sur les yeux quand je l'ai vue passer avec son cartable rose à roulettes, donnant la main à son papa et sa maman. Heureusement qu'elle n'est pas venue plus près j'aurai été capable d'éclater en larmes devant elle !

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts justement depuis que j'étais une jeune maman. Moi aussi au début je me suis crue unique capable de décoder les signaux de mes enfants, et je me croyais seule à chercher comment mieux faire pour éduquer. j'étais leur rempart contre tous ceux que je pensais prédateurs. Il suffisait que quelqu'un ne fasse pas comme moi pour que j'invente des prétextes pour les éloigner.

Je savais que l'éducation était un socle pour établir une personnalité agréable à cotoyer. Je savais que de mauvaises orientations pourraient leur causer un grand tort plus tard, ce que je ne voulais surtout pas. oui mais voilà = je ne savais pas trop comment me décider. Je ne savais pas encore qu'à trop aimer on peut emprisonner. je ne me rendais pas encore compte que nous sommes tous conditionnés par notre propre passé, et je ne me doutais pas que sans le savoir je transmettais mes angoisses de séparation à mes enfants.

Je ne savais pas que des professionnels sauraient se mettre en retrait pour faire éclore les particularités des enfants. A l'époque il n'y avait pas trop de professionnel chez les assistantes maternelles.

Ah j'en ai passé des heures à cogiter. J'avais tout près de moi des exemples flagrants d'adultes qui ne pouvaient plus se reconstruire suite à des déchirures avec leurs parents et ça me rendait folle.

J'ai fait ce que j'ai pu et je passais pour une
le plus souvent.

Je suis devenue mère au foyer car à l'époque c'était ainsi, la place d'une mère était auprès de ses enfants. d'ailleurs mon mari  était absent toute la semaine, il fallait bien que quelqu'un resta.

je le lis hélas sur mon bulletin de reconstitution de carrière professionnelle = il y a un grand manque à gagner pour le calcul de ma retraite, pas pour le papa.

mais je ne regrette rien, j'ai passé de belles années à cocooner. Je ne sais pas si mes filles ont le même regard la-dessus, mais moi j'ai eu bien mes filles bien à moi.

Les mères poules aiment tant leur enfant qu'elles se le gardent pour elles. elles ne veulent pas le partager. elles ne veulent pas le quitter, elles ne veulent pas qu'il grandisse, elles ne veulent pas couper le cordon. moi je ne vivais pas pour moi, jamais, je vivais les emplois du temps de chacune et ça me prenait tout mon temps.

pourtant un jour mes filles ont quitté mon nid pour aller en construire un plus beau, rien qu' à elles. un nid où j'évite de me rendre car je n'y ai pas ma place. Je ne sais pas comment j'ai fait, mais je les ai laissées partir sans m'en rendre trop compte.elles sont toutes parties en même temps quasiment.

Toutes envolées !

Merci mon métier en qui j'ai reporté toute mon énergie.

et puis je suis un jour devenue une grand mère. Maintenant que j'ai écumé ces années, je sais ce qu'est une vie, qui passe à toute allure. je sais que je n'aurai plus assez de temps pour profiter à fond de mes petits enfants. Je décortique encore bien plus les intensités dans les regards, je mémorise les petites scènes de tous les jours, j'écris pour pouvoir me relire...

et voilà que le jour de la rentrée j'ai bien failli encore pleurer...

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