elle est où maman ?

voilà un moment que je n'avais pas eu de problème à la séparation d'un bébé avec son parent. alors du coup je repense tout mon raisonnement.

je vous explique là où j'en suis. il y a 2 cas de figure =

  • l'enfant un peu grand, qui sait que son parent va revenir, mais qui fait un peu de "chantage affectif " dans les 2 sens d'ailleurs car parfois il ne veut pas quitter sa nounou et lui fait de grandes déclarations d'amour en ignorant son parent, ou bien hurle en s' agrippant au cou du parent, jusqu'à inventer les sévices qu'il serait obligé de subir une fois les parents partis...
  • l'enfant qui sort du contexte familial pour la première fois : c'est une autre manche que de se retrouver dans une maison inconnue, avec une nounou inconnue, qui ne sent pas les odeurs familières, pas les mêmes couleurs, de cheveux, des yeux, des habits...
et en plus avec d'autres enfants qui vous scrutent en se demandant quel est ce nouveau jouet chez nounou.

avec l'enfant un peu grand il faut de la patience, et un peu d'humour pour changer les idées cafardeuses. on n'a pas tous la patate tous les matins, et parfois on se force à avoir l'air de l'avoir. la réalité c'est que des matins on aimerait parfois rester au creux de son lit, et ne voir personne d'autre que sa maman si on est petit.

avec l'enfant qui est en panique de se croire abandonné pour de vrai à chaque départ, il faut de la patience aussi, des adultes avec des trésors de patience pour laisser le temps au temps. user de tendresse, mais modérément pour ne pas enliser le tout petit dans une position de dépendance à l'adulte. il faut trouver les bons mots pour expliquer que maman va revenir, chercher le bon jouet pour détourner l'attention, accepter que l'enfant repense à l'absence, et se remette à pleurer, - entraînant les copains dans une réflexion inquiétante, arriver à continuer à gérer les autres copains et leurs familles qui téléphonent parfois au moment où ça ne nous arrange pas vraiment.

avec un petit angoissé, c'est comme avec une casserole de lait sur le gaz, vous ne savez jamais à quelle heure elle va déborder, par contre il suffit de croire que ce n'est pas pour tout de suite et le lait est renversé, il faut tout nettoyer.

en ce moment, j'ai un bébé angoissé de 15 mois, alors que tout semblait à croire que la séparation serait impeccable car c'est un 2ème enfant.

ce matin il a fallu 45 minutes avant la détente. avant que l'enfant n'accepte de tendre un jouet vers l'autre. au début, c'est le refus catégorique, avec repoussage des bras. et pleurs, grande tristesse.

et moi-même je ne suis pas autorisée immédiatement à entrer en contact. ensuite, je redeviens le point phare. l'enfant me guette et si je m'éloigne d'un mètre, il pleure.

moi je suis à l'écoute, je rassure avec des paroles douces, une caresse dans les cheveux, un compliment pour valoriser l'enfant et lui faire sentir que je sens qu'il en est capable. et puis doucement ça vient. sauf que ça repart le lendemain matin... mais ça va se faire avec les répétitions.

c'est tout un travail introspectif que doit mener l'enfant en lui-même. il doit s'auto-lâcher. d'un seul coup devenir un individu à part entière. affronter la nouveauté. je dois lui permettre ce cheminement et les parents m'épaulent dans ce sens.

quand il aura compris qu'il peut compter sur moi, que je suis fiable comme ses parents et que je vais accourir chaque fois qu'il sera en détresse, la partie sera gagnée. à 15 mois on est déjà trop vieux pour ne pas comprendre ce que signifie le départ de son parent, (c'est pour ça que je préfère accueillir des nourrissons, si la personne qui remplace la mère sait bien le materner il  ressentira moins l'absence. plus grand il a été déjà conditionné par des routines qui ne sont pas les miennes.)

c'est comme pour l'endormissement, il faut que le bébé sache se lâcher. il ne faut pas qu'il soit inquiet de ne plus avoir sa mère, ni ses bras douillets. il faut qu'il fasse confiance, il se lâche dans le sommeil, en confiance.

et c'est ce qui en général fait le plus peur aux parents, (souvent les mères), elles ont peur que quelque chose n'arrive pendant le sommeil, comme si il fallait qu'elles réveillent l'enfant pour se rassurer. rien de tel pour passer l'angoisse du dodo au bébé. qui va réclamer plus de câlins, une chanson, une musique, une lumière, une promenade en auto ?

le parent devient un tranquillisant externe. certains parents projettent leur angoisse sur leur enfant, ils passent à côté des découvertes des nombreuses possibilités d'autorégulation de leur bébé.
ce qui est grave c'est qu'ils vont peut être, en pensant bien faire, installer un terrain pour la dépendance aux tranquillisants et somnifères, c'est un article que j'ai lu ici

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