y a-t-il de bonne punitions ?



Les gens qui éduquent bien leurs enfants emploient très peu de punitions et jamais de violence, mais ils ne reculent pas devant les ajustements, les frottements, la fermeté 

Y'a t'il de bonnes punitions ?








Oui, parce que ...


… Eduquer, ce n’est pas être dans la séduction



« Eduquer un enfant, ce n’est pas essayer de lui plaire à tout prix. L’éducation peut nécessiter d’être impopulaire », prévient le pédo-psychiatre Daniel Marcelli (1).

Nos enfants n’ont pas à obéir « pour nous faire plaisir » mais parce qu’il existe une règle. ....


L’avantage du courage de déplaire, c’est que ça dépassionne le conflit. Si on a dit : « Tes sketchs au supermarché sont éprouvants pour moi et pour tout le monde. Si tu commences, je n’achèterai pas les bonbons, comme c’était prévu », plus besoin de se transformer en virago dans les rayons. ....


… Eduquer, c’est enseigner la loi

Dans une société démocratique, chaque droit est associé à un devoir. Nos enfants vont devoir l’apprendre pour vivre avec les autres et devenir des citoyens. « Eduquer » veut dire « guider hors de… » Hors de quoi ? De l’enfance, sans doute.Le boulot de parents est de mettre le fonctionnement familial en accord avec le fonctionnement social....Le magistrat Jean-Pierre Rosencveig (3) explique : « Il existe plusieurs niveaux où droits, devoirs et sanctions cohabitent : la loi civile et pénale, mais aussi la société où on vit, l’entreprise où on travaille, le groupe d’amis qu’on fréquente. Ou encore sa discipline personnelle : on peut être sanctionné par sa mauvaise conscience. »
… Sans sanction, la règle est vidée de son sens

« Pour intégrer la notion d’interdit, un enfant doit savoir que sa transgression sera suivie d’une punition, pense la psychanalyste Claude Halmos (4). Menacer d’un : “Je ne t’achète plus de vêtements de marque, car tu n’en prends pas soin”, et ne jamais le faire, ça ne marche pas.


La règle est alors vidée de son sens, et les parents, décrédibilisés, y compris lorsqu’ils disent des choses positives : l’enfant ne les croit plus, et c’est très angoissant pour lui. ...


… Une bonne sanction est réparatrice
« Quand un petit en tape un autre, l’animateur le prend à part et discute. Afin qu’il prenne conscience de sa bêtise, explique Pascal Ganofski, directeur d’un centre de loisirs maternel. Parfois ça suffit, d’autres fois on fait faire un travail d’intérêt général, comme tailler les crayons… » L’enfant a réparé et s’est réparé.


Souvent, il sait qu’il a fait une bêtise. La sanction solde aussi sa culpabilité.Trouver la bonne sanction nécessite de réfléchir, rarement de réagir à chaud. « Avec les petits, on peut isoler tout de suite quelques minutes....

1. Responsable du pôle psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au centre hospitalier Henri-Laborit, à Poitiers, auteur d’« Il est permis d’obéir » (éd. Albin Michel).


2. Auteur d’« Un enfant heureux » (éd. Odile Jacob).


3. Président du tribunal pour enfants de Bobigny, coauteur de « “Baffer” n’est pas juger, La justice des mineurs » (éd. Plon).


4. Auteure de « L’autorité expliquée aux parents » (éd. Le Livre de Poche).
Non, parce que ...
… Eduquer, ce n’est pas soumettre

On préfère la négociation, plus difficile mais qui leur enseigne la réflexion. « Elever, c’est apprendre à faire marcher sa tête et non pas ses mains, dit encore Daniel Marcelli. C’est être cohérent, répéter trente fois la même règle et ne pas céder à la tentation de l’abus de pouvoir. »
… Quand on punit, c’est trop tard

« Si on en arrive là, c’est qu’on a raté plusieurs marches », pense Didier Pleux. Pour le psy, punir un enfant est la preuve qu’on n’a pas su lui faire prendre conscience assez tôt que le monde ne répond pas toujours à ses attentes.En résumé : on ne l’a pas suffisamment… « frustré » ! Résultat : on le prive de télé pendant trois semaines parce qu’il refuse de venir à table.
Alors qu’on aurait dû l’inciter à participer depuis tout petit à ce moment-là, en mettant la table, en faisant le marché, en aidant à la pluche… « Les gens qui éduquent bien leurs enfants emploient très peu de punitions et jamais de violence, mais ils ne reculent pas devant les ajustements, les frottements, la fermeté », constate-t-il. ...
… Toute punition n’a pas de vertu éducative
Qui n’a jamais été tenté par le : « Tu n’as toujours pas rangé ta chambre ? Tu seras privé de console de jeux. » Le problème, avec la sanction qui n’a aucun lien avec la bêtise commise, c’est que l’enfant n’y comprend rien. Même s’il s’exécute – ce qui peut nous laisser croire qu’elle est -efficace –, elle ne lui apprend rien. L’enfant, lui, pense qu’il faut obéir à la menace car elle risque surtout de le priver de son plaisir. « On rencontre souvent des enfants terrorisés par la sanction mais qui ont oublié la règle », explique Caroline Le Roux. Donc, on arrête avec la menace du père Noël : « Si tu n’es pas sage, il ne passera pas. » Une menace doublée d’un mensonge, ce n’est pas joli, joli.

… Une punition peut être contre-productive
Publiée dans la revue « Pediatrics » en 2010, une étude américaine a montré que les enfants qui reçoivent régulièrement une fessée deviennent plus agressifs que les autres : ils reproduisent ce qu’ils ont connu. Une fessée est une « émotion forte » qui s’inscrit dans la mémoire du corps. « Elle peut devenir une source d’émotion sensuelle et avoir une influence sur la construction de sa vie sexuelle », rappelle Claude Halmos.
Les punitions ne font souvent que renforcer des tempéraments frondeurs : les enfants se conforment à ce (qu’ils pensent) que les adultes attendent d’eux. « Changer notre regard sur eux donne souvent de meilleurs résultats, pense Sylvie Ayral, docteure en sciences de l’éducation (1). Un enfant qui vole, la fois d’après je lui confie la caisse de la classe… Il se sent responsable et il n’y a pas de récidive », raconte-t-elle.
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… On entre vite dans la surenchère


Plus on punit… plus on punit ! ...On entre dans une surenchère, et la punition peut même devenir un mode de relation… très fusionnel. « L’éducation, c’est un long travail de séparation, rappelle Charles Osmont, éducateur spécialisé. En punissant, il y a un peu de notre amour qui se mesure… et déborde.


Cela montre sans doute notre difficulté à nous séparer. » Passer par autre chose, du questionnement, du dialogue, permet aussi de mettre l’amour, qui dévore parfois, à la bonne distance.
1. Auteure de « La fabrique des garçons, Sanctions et genre au collège » (éd. « Le Monde »/Puf).


Merci aussi à Valérie Inizan, professeure, et Véronique Ternisien, directrice d’un centre de vacances


Pour en savoir plus : Non, parce que ... - Marie Claire

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