mettre à la bouche

bon, j'en ai bavé un peu ce matin avec mon grand qui me teste pour voir si j'ai du cran ou non. et mon plus petit qui ouvre mes tiroirs de mon classeur mural pour déchirer mes courriers, je dois installer des barricades car pour le moment il se fiche de mes interdictions.

sinon les 3 mistigris sont au lit et ils ont bien mangé.

j'ai vérifié sur les cahiers, les premiers rhumes sont apparus le 19 novembre, nous sommes le 14 mars et le rhume est toujours là, les boites de kleenex ! je les achète par 4.

certainement que ce n'est pas assez décontaminé chez moi, mais bon, pour cela il faudrait que je surveille chacun des 4 enfants et que je lui retire l'objet qu'il a mis à la bouche aussitôt qu'il le repose avant qu'un autre ne s'en empare.

l'idée est très bonne, mais franchement non, pour moi c'est mission inimaginable. ne croyez pas que seuls les petits portent à la bouche, bien au contraire, et c'est même incroyable comme les grands qui ont compris que c'est interdit le font juste par pur plaisir d'enfreindre les interdits. mais aussi par besoin encore de goûter la valeur des choses. lls doivent comparer avec les sensations de téter je crois, pour situer les choses dans des échelles de goûts.

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c'était ce matin une question délicate au démarrage de la journée. 31 mois est arrivé tout sourire et de bonne humeur avec son papa et son frère. sur la table basse j'avais déposé des jeux pour le jeu libre en attendant de sortir l'activité atelier.

nous jouons régulièrement avec des noix. elles font plus de 2.5 cm donc elles ne sont pas considérées comme des éléments dangereux à porter en bouche, même s'il faut être vigilent lorsque l'on donne des jeux aux enfants on ne sait jamais de quelle manière ils vont les utiliser.

par exemple les lentilles il faut éviter car enfilées dans le nez elles peuvent se mettre à germer si on ne les a pas vues.
si je donne des lentilles donc je prends ma responsabilité de la sécurité des enfants et je reste à côté et je ne quitte pas la bouche ou le nez des yeux. vous vous doutez bien que lorsque nous serons en extérieur les enfants ne vont pas toujours me montrer ce qu'ils mettent dans leurs mains et je ne me vois pas du tout en train de perquisitionner du soir au matin. cela virerait au jeu du chat et de la souris.

donc une noix dans un gobelet, nous jouons beaucoup au transvasement de noix, de riz, de pâtes, de farine, de sable. et souvent les enfants mettent en bouche, moi je suis là pour surveiller, ce n'est pas parce que c'est dans la bouche qu'ils vont mourir dès aujourd'hui.

31 mois regarde son papa et se fourre la noix en pleine bouche.
son papa gronde 
- ah non tu sais que je ne veux pas que tu mettes la noix dans la bouche c'est défendu, il la lui enlève.

l'enfant se remet à jouer. il regarde son papa et se refourre la noix en pleine bouche. le papa et moi nous protestons et l'enfant s'enfuit dans le salon. je l'interpelle en le saisissant au bras.
- ton papa vient de te demander de ne pas mettre la noix dans la bouche. tu dois l'écouter. pourquoi tu as recommencé ?

et alors l'enfant se met à faire un énorme caprice parce que je suis intervenue en présence de son  père. il hurle et tape des pieds, il veut son papa, dans ses bras, un bisou, pas chez nounou...le papa lui dit qu'il doit écouter sa nounou et son papa. l'enfant est encore plus contrarié.

j'essaie dans une seconde d'accalmie d'expliquer au papa que les noix ne sont pas dangereuses car elles dépassent la taille de ce qui peut être avalé = la taille de la noix ne rentre pas dans le pharynx d'un enfant. par contre je suis en effet sans argument contre le risque de propagation des virus.

Lorsque le papa est parti, (très rapidement et sans aucun reproche à mon égard), l'enfant a encore pleuré pour exprimer sa frustration et je l'ai laissé faire. puis il a vu que je n'en faisais pas de cas et que je jouais avec les autres, il est venu jouer, la noix avait perdu tout son intéret mais reste à savoir pourquoi.

Tout ça pour écrire que j'ai des manières d'éduquer qui me sont propres. j'applique les règles qui sont recommandées par les spécialistes en éducation et je les lis beaucoup pour me remettre en question dans l'intention de pratiquer dans les bonnes normes. j'explique ce que je pratique dans mon livret d'accueil. les parents qui signent mon contrat ont été avertis de ma manière d'éduquer et d'éveiller avec des objets de la nature,  ils savent qu'ils doivent me faire confiance pour que l'enfant ne soit pas en porte à faux. même s'ils ont une autre manière à la maison avec leur enfant l'enfant est parfaitement capable de faire la différence à partir du moment où les choses lui sont expliquées. (il est parfaitement capable aussi de se saisir du moindre incident pour semer la pagaille.)


  • lorsque l'on est du côté professionnel l'on se doit de faire la part des choses, 
  • d'aider l'enfant à dépasser la frustration quand il ne peut pas faire tout ce qu' il veut, 
  • on se doit de comprendre l'opinion du parent qui n'a pas le même cheminement que nous et qui a bien le droit de justifier son point de vue à lui. 
  • et il faut arriver à mettre en place le système éducatif que l'on souhaite pratiquer en tenant compte de paramètres importants et variables.


c'est toute la complexité de mon métier.

moi je sais que faire dormir un enfant seul cela s'apprend, manger des morceaux, aussi, avoir envie de devenir propre aussi, se laver, s'habiller, se déshabiller, être poli, ne pas casser les jouets, manger seul, manger proprement, etc. et c'est mon rôle quand je remplace les parents.

par contre je sais aussi que pour marcher seul, manger proprement, s'habiller seul, etc il n'y a pas la date identique pour tout le monde. c'est la résultante de ce qu'ont proposé les adultes aux enfants.

je sais aussi que les enfants ont ce besoin naturel de mettre en bouche, c'est vital pour eux, comme respirer, mais suivant le passé de chacun les réactions sont différentes. 

j'ai un papa qui s'est étouffé enfant je ne sais plus avec quoi en alimentation et du coup il développe une phobie pour ses propres enfants, il me l' a expliqué. je le comprends aussi, mais ça ne m'arrange pas. 
car je sais qu'il faut que l'enfant apprenne à mastiquer, bouger sa langue, déglutir, avaler et pour ça il doit avoir du temps pour s'exercer. je sais qu'il ne faut pas transmettre nos peurs aux touts petits pour ne pas les empêcher de progresser.

trop de parents pour protéger leur enfant leur transmettent leurs ondes négatives et dans ce cas l'enfant n'ose pas prendre des initiatives sans autorisation = il ne faudrait pas qu'ils deviennent des adultes soumis toute leur vie à l'autorisation de leurs familles. il faut leur montrer qu'on leur fait confiance, même quand ils tombent il faut qu'ils se relèvent. par contre il faut poser quand même des balises de sécurité.

le problème ne se pose pas qu'avec des parents, il se pose avec les autres ass mat aussi. car nous ne sommes pas toutes au même niveau de cheminement professionnel. j'ai déjà remarqué des collègues qui ne supportent pas le désordre, ou qui ne supportent pas que les enfants se salissent, ou qui fuient le moindre contact avec un virus, ou qui ne supportent pas qu'un enfant ne mange que son dessert, qui ne supportent pas qu'un enfant ne soit pas lavé ou nourri avant d'arriver chez son ass mat, qui ne tolèrent aucun retard de paie, qui refusent de faire les bulletns de salaire....

moi perso, j'ai aussi mes exigences. quand je demande à un enfant de m'obéir j'exige que ce soit instantané, parce que je ne fais cette demande que pour des raisons d'urgence et souvent de sécurité, (on ne court pas comme de petits fous en riant avec nounou qui court derrière pour jouer à coucou je vais t'attraper je vais rentrer mais d'abord on fait 3 fois le tour de la maison). je pense être plutôt tolérante sur beaucoup de points, mais on ne répond pas à sa nounou non plus, on ne fait pas de crise de hurlements pour impressionner la maisonnée, voilà par exemple des choses que je ne laisse pas passer. parce que je peux comprendre des tas de raisons qui proviennent de n'importe qui et je suis prête à décrocher la lune pour aider quelqu'un qui a fait une bêtise, je ne tiens pas rigueur aux touts petits de leurs débordements, mais il ne faut pas déroger à quelques unes de mes règles. ce sont les miennes.

autant de gens, autant de choix de vies. ces mêmes personnes changeront probablement de point de vue à un moment ou un autre. le monde est mouvant.

je crois qu'il faut avoir pas mal de bouteille pour arriver à analyser les impacts de nos attitudes éducatives sur l'évolution des personnalités des bébés. j'en apprends encore tellement, et j'ai 52 ans, et je ne fais que ça. 

grandir, c'est uniquement suivant ce que les adultes permettent aux enfants.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très intéressant cet article... Mallory

pascale perrillat a dit…

c'est ma vraie vie de nounou.